Au moment où nous écrivons ces lignes, deux semaines se sont écoulées depuis la fin de notre aventure au Maroc. L'heure est donc au bilan, un exercice fait en famille où rires, petite nostalgie et débats pour identifier "le, la ou les plus..." sont au rendez-vous! Une chose qui fait cependant l'unanimité, le Maroc, on a tous adoré! On vous partage donc notre synthèse en quelques rubriques, en espérant qu'elle soit à la fois source d'information et divertissante!
Les activités scientifiques
Cette rubrique n'est ici qu'un sommaire des différentes rencontres et activités scientifiques menées. Le contenu complet fait l'objet d'articles portant l'étiquette "science" qui se trouvent dans cette infolettre ou qui suivront sous peu. Restez à l'affût!
Visite de l'Université Mohamed VI à Ben Guérir : rencontres avec l'équipe du professeur Mostapha Benzaazoua qui travaille sur les problématiques de salinité des sols et de re-végétalisation en contexte minier.
Ferme expérimentale de L'école des sciences de l'agriculture, des fertilisants et des sciences environnementales (ESAFE) de l'Université Mohamed VI à Ben Guérir : visite de ce complexe unique où différentes techniques sont à l'étude pour aider les agriculteurs à faire face aux défis liés notamment à la sécheresse et la salinité croissante des terres agricoles.
Exploitation agricole à Ben Guérir : visite de terrain sur une exploitation agricole et viticole. Validation des problématiques rencontrées et des efforts mis en oeuvre pour y remédier.
Domaine de la Zouina à Meknès : visite de terrain d'une exploitation oléicole et viticole de plus de 100 hectares en oeuvre depuis plus de 20 ans. Entretien avec différents joueurs clefs pour comprendre les enjeux rencontrés et les solutions tentées.
Université Mohamed V à Rabat: rencontre avec Sahar El Kasmi, professeure, et Saadia Lharti, Maître de conférence.
Institut national de la recherche agronomique (INRA) à Rabat: rencontre avec Faouzi Bekkaoui, directeur de l'INRA.
Les statistiques de vélo
Km parcourus : 470 km
Dénivelé positif total : 3 000 m
Le plus long trajet en une journée : 77 kilomètres
Le plus gros dénivelé positif : 503 m
Le nombre d'étapes : 10
Moyenne kilométrique par étape: 47 km
Vitesse moyenne: 13 km/h, lentement mais sûrement!
Problèmes techniques : 0
Nombre de chats, chiens, ânes, chevaux, dromadaires, chèvres moutons et autres animaux vus: Énormément!
Les moments les plus drôles
Qui dit animaux, dit crottes! Alors un moment qui s'est avéré récurrent, au grand malheur de nos narines, est la marche malencontreuse dans une déjection animale. On ne vous dira pas qui de nous l'a fait le plus souvent, mais disons simplement qu'une odeur peu sympathique nous a accompagnés à quelques reprises!
Un autre moment qui nous a fait sourire est notre passage en direct sur le Facebook live d'Ismaël - un cycliste qui faisait l'aller-retour Kénitra-Casablanca sur une seule journée, et ce en respectant les interdits relatifs au Ramadan, soit ne pas manger ni boire avant le coucher du soleil. Ce qui nous a fait sourire: l'annonce, de longues minutes après que nous ayons commencé à parler avec lui, que nous étions en direct sur son réseau. Les filles elles sont restées ébahies du nombre d'appareils connectés qu'il avait à lui seul! Dans tous les cas, chapeau et merci à toi Ismaël d'être venu à notre rencontre car ce sont 284 km que tu étais en train de parcourir au chaud soleil, sans te ravitailler!
Les moments difficiles
La réputation des chiens errants au Maroc n'est plus à faire: ils sont nombreux, souvent craintifs et inoffensifs, et parfois un peu plus coriaces. Dans son ensemble, notre périple au Maroc est teinté de rencontres positives avec les chiens errants comme en témoigne les photos ci-dessous où les filles ont eu des compagnons à quatre pattes l'espace d'un moment sur la plage. Par contre, à deux ou trois reprises, on a eu droit à des petites bandes plus territoriales qui ne semblaient pas apprécier ni comprendre notre convoi cycliste. En général, la tête de peloton arrivait à passer assez rapidement et les laisser derrière. La queue de peloton avait donc la joie de les côtoyer un peu plus longuement et parfois de trop près à notre goût. Par contre, avec calme et sans recherche de confrontation, ce n'étaient que quelques minutes désagréables à passer. Ces quelques moments valent à nos yeux la dénomination de petite "frousse autour du monde" pour celles et ceux qui connaissent le travail de Bruno Blanchet!
En tant que cyclistes, un élément qui nous anime est la fierté d'avoir relevé le défi physique que nous nous sommes fixés. Malheureusement, il arrive parfois que la bouchée qu'on ait voulu prendre est un peu trop grosse... Le bon réflexe est celui de réévaluer le trajet, ses difficultés (dénivelé, distance, passages difficiles: sable, gravier, portillons) et de prendre une décision alors qu'il est encore possible de le faire. C'est une situation qui nous est arrivée, alors que nous devions aller visiter une ferme pratiquant la permaculture à Brachoua, à environ 60 km de Rabat dans les terres. La visite et notre couchage étaient organisés, nous devions même participer au Ftour et ainsi rompre le jeûne ce soir là avec les habitants du village. Une visite qui nous enchantait! Cependant, au bout de 28 km et plus de 350 m de dénivelés positifs, dont des pentes allant jusqu'à 10%, au moment de la pause du midi, il a été le temps d'appliquer notre bon réflexe de réévaluation: encore plus de 30 km à faire, des montées abruptes puis le tout serait à refaire le surlendemain. La décision crève-cœur a été prise de contacter nos hôtes pour leur annoncer que nous ne pouvions malheureusement pas nous rendre. Un moment difficile, mais éducatif pour nous tous et particulièrement nos filles car nous leur avons montré qu'un moment de vulnérabilité doit se vivre en toute humilité et permettre de prendre une décision éclairée au bénéfice de toute la troupe. Nous remercions encore une fois l'équipe de village écotouristique de Brachoua pour sa compréhension!
Un autre moment digne de la mention petite "frousse autour du monde" est la traversée d'une horde d'enfants un peu trop curieux et téméraires lors de notre étape menant de Kénitra à Moulay-Bousselham (notre plus grande étape: 77 km). Comme dans beaucoup de petits hameaux, nous avons commencé par nous faire saluer de loin par quelques bambins, puis ont accouru vers nous près d'une cinquantaine de petits garçons agitant bâtons et cailloux, touchant nos bagages, poussant les vélos. Expérience déroutante pour nous tous, pas de malice voulue de la part des enfants trop jeunes pour saisir que leurs gestes, amplifiés par l'effet d'entraînement et d'anonymat que procure le groupe, étaient déplacés. L'Imam du village, les adolescents et adultes du voisinage sont vite accourus pour calmer les enfants et les réprimander par la parole. Un moment où nous nous sommes sentis à la fois petits face à la détresse de ces enfants peu fortunés, confiants envers les plus grands qui parlaient à l'unisson avec nous pour les calmer et tristes de ne pouvoir nous attarder pour discuter avec eux: nous n'avons été qu'une distraction filante. Cet épisode nous aura tous marqués et aura, encore une fois, ouvert la voie à de grandes discussions avec nos enfants sur plusieurs sujets.
La gestion des entrées et sorties de tout notre matériel, y compris les vélos, dans les appartements loués, fait partie des moments difficiles. En effet, il nous est arrivé de devoir monter le tout sur cinq étages, et ce sans ascenseur. Ça peu paraître un peu cocasse, mais le nombre d'allers-retours à faire pour monter l'ensemble de l'attirail est considérable, alors inutile de vous dire que nous avons travaillé après les heures de boulot! Et oui, on peut le considérer comme du temps supplémentaire obligatoire après une longue journée de labeur! Ici aussi, nous sommes passés maîtres de la logistique de gestion simultanée des enfants, des vélos et des bagages pour nous assurer que toute notre précieuse cargaison est surveillée (enfants comprises) pendant la période de montage et de démontage. On vous laisse imaginer le tout: qui monte, qui reste en haut, qui surveille les vélos et qui fait des allers-retours, autant de questions que l'on se pose de moins en moins car la chorégraphie est orchestrée et tout le monde contribue!
Une dernière étape - Assilah à Tanger - au vent: une moyenne de 29 km/h en provenance du N-N/E et des rafales de 50 à 60 km/h! Les descentes n'allaient pas très vite, les montées encore moins et nous nous sommes faits balader de gauche à droite. Il nous a même fallu mettre pied à terre à quelques reprises pour ne pas risquer la chute! Heureusement, notre arrivée parmi les immeubles de Tanger a ralentit les rafales et nous nous sommes retrouvés à l'abri pour nos derniers 14 km: une dernière étape sportive!
Nos découvertes les plus étonnantes
Au registre de nos découvertes les plus étonnantes, il y a énormément de choses et il va s'en dire que c'est une des raisons qui nous ont fait tant aimé cette partie de notre aventure. Le Maroc nous a emmené de découverte en découverte! En voici un petit montage!
De gauche à droite en partant du haut: les mets marocains, le Ftour, la quartier des tanneurs à Fès, les animaux dont les dromadaires (la photo n'est pas bancale, nous étions en montée), les cigognes et leurs énormes nids, la pollution des plages et des forêts, la beauté de l'architecture des médinas (ici Marrakech), le contraste entre la très grande aridité et les espaces luxuriants,
Le Maroc est en fait une courte-pointe de culture où les legs des différentes civilisations y ayant vécu sont parfois visibles comme à travers l'architecture, les langues ou l'artisanat pour ne citer que quelques exemples. Et parfois, c'est plus profond, on ressent que les gens ont en eux toute ces histoires entremêlées, que leurs gestes, leurs regards et leur cadence sont le fruit de l'intégration de ces millénaires de connaissances et de pratiques. Entre le temps ancien et le temps moderne, on découvre plusieurs Maroc.
Des éléments qui se disent, mais qui ne se capturent pas toujours en photos: la grande capacité de communication des gens. Elle se traduit d'abord par la maîtrise de plusieurs langues, mais aussi par la capacité à communiquer efficacement autrement. Il ne nous est pratiquement pas arrivé de ne pas nous faire comprendre ou ne pas comprendre quelqu'un, et ce malgré l'absence de langue commune. Ceci nous a marqué car l'intention passe avant la précision et cela fait du bien à quiconque aime les contacts moins cordiaux, et plus sincères.
Notre classement des endroits les plus intéressants
En rafale, des endroits que nous avons particulièrement aimés! Comme cet article est déjà long, nous tentons d'être brefs ici et de vous laisser explorer par vous-mêmes!
Casablanca: loin d'être la ville la plus touristique, c'est une ville vraie où des gens de tout le Maroc affluent pour trouver du travail. Grouillante et bruyante (on a été initiés à l'art de traverser de grandes artères où la voiture est reine), nous avons été charmés par les gens, le quartier des Habous et par les immeubles Art déco qu'on retrouve dans toute la ville.
Rabat: pour sa beauté et sa propreté. Une médina toute blanche et un souk calme en bord de mer! Une bonne adresse en prime, la boulangerie Le Pain Bul.
Lixus : ancienne cité romaine surplombant la mer entre Larache et Assilah. Moins réputée que Volubilis, elle vaut largement le détour et de s'y attarder au moins le temps de faire la visite si brillamment guidée.
Assilah : petite ville côtière où se poser au calme et où nous avons pu vivre l'enivrante fin du Ramadan. La vie nocturne à son meilleur, dans une ambiance familiale.
Bons coups
Afin de respecter nos délais, d'aller à la rencontre d'intervenants situés plus dans les terres et de découvrir des villes telles que Marrakech ou Fès, nous avons opté pour le train comme moyen de transport. En laissant nos vélos et le matériel non-requis dans un appartement à notre gare de départ, nous avons pu bouger aisément. Ce choix a clairement été gagnant sur toute la ligne: beaucoup de liaisons et de passages, efficace, peu cher et confortable, le train a été un atout incontestable de notre voyage. Le Site d’achat en ligne de billet de train (oncf-voyages.ma) nous a permis d'acheter et même d'échanger gratuitement un billet dans de courts délais, sans anicroche.
Un de nos casse-tête en voyage à vélo est de découper l'itinéraire en étapes digestes pour les guibolles de l'ensemble de la famille. Au Maroc, une étape en particulier nous a fait chercher, analyser et revoir à moult reprises ce que nous pouvions faire pour éviter une journée de plus de 85 km. À force de recherches, nous avons trouvé un petit chalet comportant une piscine et situé en pleine campagne. Cet endroit est l'un de nos meilleurs coups: nous nous sommes retrouvés au coeur d'un petit hameau agricole à pouvoir observer sans indiscrétion la vie rurale l'espace d'un après-midi/soirée/matin, les filles ont pu se détendre en jouant dans la piscine, et nous avons pu nous régaler grâce à un fabuleux repas commandé à notre hôte. Car oui, il fallait penser au ravitaillement qui serait impossible pour une période de 48 heures étant donné le Ramadan.
Rencontres coup de coeur
À toutes ces personnes, nous voulons dire à la fois merci de nous avoir accordé du temps et partagé vos connaissances, savoir-faire et ressources et combien grâce à vous notre passage au Maroc n'est pas éphémère, mais bien ancré dans le présent et qu'il jette des bases pour l'avenir.
Malak, Hamza et Mostapha - Université Mohamed VI
Christophe, Yacine, Driss et Mohamed - Vignoble Domaine de la Zouina
Toutes les dames qui cuisinent sur la rue - Sans vous, une grande partie de la culture marocaine ne nous aurait pas été accessible
Clément et Jérémie - Cyclistes français en route vers le Sahara à destination de Dakar qui avez pris le temps de nous arrêter pour discuter. On vous suit!
Saïd Rhouzlane - Votre générosité nous aura permis de nous poser pour souffler et faire nos premiers essais de laboratoire.
Jean-Baptiste Buisson - Le projet BEABA de piscine mobile à fond réglable entamé par votre père, actuellement mené par vos soins et ceux de vos enfants va permettre à des milliers d'enfants d'apprendre à nager de façon sécuritaire. Merci d'être venu nous chercher sur la route pour nous le présenter!
Nos meilleurs souvenirs
Il y en a beaucoup! L'accueil des gens, les encouragements (coups de klaxons, fenêtres baissées et cris d'encouragement sur la route) et la gentillesse incommensurable envers les enfants sont certainement nos meilleurs souvenirs! Pour le reste, on vous en partage quelques clichés sans grandes explications!
Ce que le Maroc nous a enseigné
Tout le monde fait partie de l'aventure de tout le monde "On a toujours eu des encouragements spontanés sur notre route. " - Benoît
La générosité avant tout " Des gens nous ont partagé leurs dates du Ftour spontanément." - Sasha
"La communication n'est pas qu'une affaire de langue." - Melissa
"Les inégalités, on peut les constater, mais il faut surtout trouver des moyens d'agir." - Toute la famille
Le Maroc en paroles d'enfants
"Tout le monde nous disait bonjour et étaient bienveillants avec nous" - Sasha
"C'est un des endroits où on a le mieux mangé de notre vie" - Sasha
"Les gens étaient très gentils" - Frédérique
"Les chats et les chiens vivent en liberté avec les gens, j'aime ça!" - Maxine
"Si tu vas au Maroc, tu dois absolument manger des crêpes marocaines, voir une médina et aller visiter Rabat." - Maxine
"Le thé à la menthe, c'est trop bon!" - Maxine (Moi, j'aime pas! - Frédérique)
"Starfoullah!" - Sasha, Maxine et Fred
Voilà en quelques rubriques et photos un tour d'horizon de notre premier tiers de l'expédition 20 parallèles! En espérant vous avoir transmis une partie de ce qu'a été pour nous ce mois et demi de découvertes!